Atelier d'écriture

Ecriture inclusive – ou pas –

Longue concentration aujourd’hui devant la photo que Leiloona nous a envoyée. Retournant sur les réseaux sociaux, histoire de réfléchir, je suis tombé sur un article traitant de l’écriture inclusive. Et là, le déclic est venu. Bon sang, mais c’est bien sûr…
Que vont avoir écrit mes camarades de l’atelier Bricabook, je ne sais pas. En tout cas, je vous livre ma copie en temps et en heure !


« Qu’est-ce qu’il fait bon sang, mais qu’est-ce qu’il fait ? Et puis d’ailleurs, je ne sais même pas si c’est il ou si c’est elle. D’après l’article que j’ai lu sur l’écriture inclusive, je devrais écrire Qu’est-ce qu’il.elle fait ? Que fait donc cet.te usager.e ou utilisateur.trice ? J’ai essayé de repérer par déduction en fonction des passager.e.s présent.e.s dans le train lorsque nous sommes montés à Gaingamp. Sur le quai de la gare, il y avait des voyageur.euse.s de toutes sortes. Les accompagnateur.trice.s qui étaient avec eux.elles les ont salué.e.s sur le quai puis sont reparti.e.s vaquer à leurs occupations. Une fois assis.e.s dans le wagon, j’ai bien noté que chacun.e comme à chaque fois, jetait un regard rapide pour distinguer ses camarades de voyage. Moi, je suis dans le carré central du wagon. A gauche en se mettant dans le sens de la marche. Mes voisin.e.s n’ont pas bougé lorsque je me suis levé. J’ai tout de suite remarqué que quelqu’un.e occupait l’endroit. Et, bizarrement, j’ai noté aussi que la porte extérieure était restée entr’ouverte. Dans les trains modernes ce n’est plus possible, mais dans ces vieux TER, ça arrive plus souvent qu’on ne le souhaiterait. J’ai fini de l’ouvrir pour regarder le paysage défiler devant moi. C’est grisant, j’ai toujours adoré ça… Fixer un point au loin en se penchant un peu, puis le voir se rapprocher à toute allure jusqu’à ce qu’il passe et qu’on ne le reconnaisse même pas. Depuis tout gamin, je fais ça, même en voiture ou en bus.
Déjà cinq bonnes minutes que je saute sur une jambe devant la porte béante du train. Toujours pas de nouvelles de l’occupant.e. Pas de bruit. C’est bizarre. Peut-être s’estil.elle endormi.e ? Toujours est-il que, malgré ce que je me suis promis, le paysage m’attire de plus en plus… L’attraction du vide ? Non, pas vraiment. Mais si l’usager.e ne se dépêche pas un peu, s’il.elle n’est pas sorti.e dans la minute qui suit, je jure que je vais finir par faire par la porte. Pas question d’écriture inclusive dans un moment pareil ! Juste le bonheur d’être un homme !! »

© Amor-Fati 13 novembre 2017 Tous droits réservés. Contact : amor-fati@amor-fati.fr

24 Comments

  • Nath

    Moi j’imagine un suicide et toi, tu penses à un homme qui n’en peut plus d’attendre à la porte des toilettes. Le choix de l’écriture inclusive est judicieuse surtout pour la fin qui ne peut être que purement masculin.e !

    • Amor-Fati

      Ha ha, qu’en dire ??? Je suis plus que sceptique…
      Mais je pense que notre société est assez malade pour que cette réforme se fasse…

  • Le Dû Loïc

    Usager.ère.s/passager.ère.s ? Non ? Bien content d’être parti en retraite avant qu’on ne m’impose d’enseigner ça à mes élèves (voilà un mot malin qui englobe tou.t.te.s !). Depuis aussi longtemps que je me souvienne, je n’employais pas avec mes élèves l’expression « le masculin l’emporte sur le féminin » comme s’il s’agissait d’une compétition entre garçons et filles où un seul garçon serait plus fort que des milliers de filles. Confondre le genre des mots et les sexes n’a pas grand sens sauf quand il s’agit de noms de personnes, métiers … Pour en revenir à l’histoire, je voyais plutôt une femme qu’un homme devant la porte ouverte. Il faudrait alors imaginer une autre chute.

    • Amor-Fati

      Alors, Loïc, je te laisse le soin d’écrire la version féminine de ce texte… Avec la même situation !!
      Maintenant, bien OK avec toi pour ce qui est de l’enseignement de ce truc à nos chères têtes blondes…
      J’ai lu hier un article sur l’accord de proximité… Ca va être joli…
      Chers papa et maman. Mais Chères maman et papa. Puisque maman est plus proche de cher que papa… On accorde avec le plus proche…

      • Loïc

        …Déjà cinq bonnes minutes que je saute sur une jambe devant la porte béante du train. Toujours pas de nouvelles de l’occupant.e. Pas de bruit. C’est bizarre. Peut-être s’est–il.elle endormi.e ? Toujours est-il que, malgré ce que je me suis promis, le paysage m’attire de plus en plus… L’attraction du vide ? Si seulement je pouvais me soulager comme un homme ! Pas question d’écriture inclusive dans un moment pareil ! Juste l‘inconvénient d’être une femme ! « Madame, m’interpelle alors un.e contrôleur.euse (avec leur uniforme comment savoir parfois ?), si vous cherchez les toilettes, c’est dans la voiture suivante, ici c’est un local technique.

  • Jos plume

    Un sujet judicieusement abordé et une histoire qui ne laisse rien présager de la chute qui m’a fait sourire ! J’aime beaucoup !
    Quant à l’écriture inclusive, sans prendre parti sur le fond du problème, force et de constater que pour moi, la forme n’est vraiment pas confortable et alourdi la lecture ! Elle est dans ton texte bien venue puisqu’elle en est le thème, mais je ne peux imaginer lire tous les textes de notre atelier écrits ainsi !

    • Amor-Fati

      C’est pile poil ce que j’ai voulu montrer en écrivant de la sorte. C’est vrai que j’ai lu pas mal d’articles sur le sujet et que, comme Loïc (commentaire ci-dessus), je suis ravi d’avoir quitté l’éducation nationale avant d’avoir l’obligation d’enseigner ceci (parce que ça viendra, soyez en sûr).
      Merci de ton commentaire !!

  • Mélie Ly

    J’ai ri à la fin. Je ne m’attendais à une histoire de besoin urgent. J’imagine encore plus le bonheur d’être un homme.
    Par contre, va falloir que je me penche sur les articles de l’écriture inclusive.

  • Valerie

    Quelle chute! Merci pour cette lecture amusante et qui en même temps soulève un sujet d’actualité. Comme si la langue française n’etait pas assez compliquée. Que l’on lutte pour l’égalité homme femme est nécessaire mais là franchement ça me dépasse. Merci à toi de soulever le débat.

  • Nady

    Une belle prouesse ton texte en t’attaquant à cette écriture, qui, à peine née, me fatigue déjà ! Encore un combat à mener pour que cette ridicule réforme ne se fasse pas ! Pauvre monde que le nôtre qui ne sait plus distinguer ce qui important ! Bref… sinon la chute m’a bien fait rire et ai super apprécié les passages sans écriture inclusive ; -)

  • Blandine C

    A parler d’écriture inclusive personne ne s’insurge du vrai scandale de ce texte ! Non, mais c’est crade de faire par la porte ouverte d’un train ! Un peu de tenue messieurs !!!! J’imagine les gens du wagon d’après se demandant s’il pleut jaune…
    Très bien joué !

  • Anne Véronique

    Un super texte Amor ! plein d’humour et de finesse. Très jolie chute aussi. Si on continue comme ça, peut-être que vous n’aurez plus le droit de « pisser debout » pour ne pas conserver un avantage supplémentaire sur les femmes 😉

  • Leiloona

    Bien vu d’avoir inséré cette écriture inclusive.
    Ma foi, moi, elle me fait mal aux yeux et mon esprit ne comprend plus rien, alors les enfants qui ont déjà du mal ?
    Pfff
    Bref, suis remontée contre ça.

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