Atelier d'écriture,  Corona

Ecrire aux temps du Corona (Jour 21). Le jardinier du parc

Encore une photo extraite du site Bricabook. Merci Alex !

Aujourd’hui encore, en regardant la photo, je n’ai pas été marqué par ce qui était dessus, mais par ce qui y manquait. Vous n’avez pas l’impression qu’il manque quelque chose ? Ou quelqu’un ?

Bonne lecture !


Pour notre maison de campagne, dans le Berry, mes parents avaient embauché un ami de leurs amis, un certain Germain, pour entretenir le jardin. C’était un homme d’une soixantaine d’années qui avait travaillé toute sa vie à la ville de Saint Florent sur Cher. D’abord comme cantonnier, comme on disait à l’époque, puis comme agent municipal, ce qui était sensiblement la même chose à ceci près que la ville s’étant beaucoup urbanisée, l’entretien des espaces verts n’était plus son travail principal.

Il venait trois après-midis par semaine, le lundi, le mercredi et le vendredi. Papa lui avait donné essentiellement pour mission l’entretien du « parc ». Ce qui était un bien grand mot, il faut bien l’avouer. Au début, il avait essayé de lui faire faire le jardin, mais son arthrose l’empêchait de trop se baisser, et comme pour le jardin, il faut être bien souvent à genoux ou à quatre pattes, papa avait modifié sa tâche et avait demandé à un voisin un coup de main pour le potager.

Donc, Germain avait comme outils principaux une brouette, une tondeuse à gazon, un râteau, une griffe à pelouse, une pelle, et une binette.

Depuis la fenêtre de ma chambre, trois fois par semaine, je le voyais déambuler, poussant son éternelle brouette. Il marchait doucement, s’arrêtait, ramassait quelques feuilles, deux mauvaises herbes dans un massif de pivoines, regroupait quelques brins d’herbe avec sa griffe avant de les envoyer dans sa brouette d’un coup de pelle efficace.

Bien souvent, je le perdais de vue. Je n’avais alors sous les yeux que sa brouette, son balai et sa pelle. Mais où donc était passé Germain ? J’attendais à ma fenêtre et le voyais revenir, l’air visiblement soulagé et reboutonnant les boutons de son pantalon. Il revenait toujours du même point du « parc », le petit sous-bois près du champ de Monsieur Laurier.

Un matin de septembre, maman arriva à la maison, complètement bouleversée. Elle annonça à papa que Prostate était décédé pendant la nuit. Sur le coup, je ne compris pas de qui il s’agissait. Je ne connaissais ni dans mon entourage proche, ni dans celui de mes parents de Monsieur Prostate. Ce n’est que le lundi suivant, en voyant arriver un nouveau jardinier que je compris de qui maman avait parlé.


Voilà…. A chaque jour suffit sa peine.
Commentez si vous voulez.
Portez-vous bien.
Prenez soin de vous.
Et des autres.
A demain.

© Amor-Fati 6 avril 2020 Tous droits réservés. Contact : amor-fati@amor-fati.fr

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